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Il était une fois ...
25 septembre 2015

Du Vava'u au Vanuatu

Samedi  26 Septembre  (9h): 1er jour, 100 milles, 18°45S 175°40W

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Nous avons parcouru 100 milles depuis hier après-midi. C’est une journée molle. Le vent n’est pas décidé à se lever ni même le soleil et nous avançons toute la matinée au moteur appuyé quand c’est possible par le génois. L’après-midi nous offre quelques éclaircies.

Dimanche  27 Septembre  (9h): 2ème jour, 138 milles, 18°21S 177°50W

Ce matin nous devons passer le sud de l’archipel des Fidji. Sur la carte il se matérialise par un dédale de récifs immergés ou pas qu’on traverse par des passes. Notre route doit nous mener juste au-dessus de celle qui porte le nom évocateur de Passage de la Bounty.

La carte indique bientôt que nous sommes tout proche des récifs, pourtant nous n’apercevons rien. Le ciel est plombé par un ciel gris d’où tombe régulièrement un crachin plus ou moins fort. L’humidité ambiante transperce nos pulls et a envahi l’intérieur du bateau. On ne se sent bien nulle part.

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Je finis par apercevoir un indice qui trahit la présence de l’atoll. En regardant bien, je remarque que le gris de la base des nuages vire légèrement sur un bleu très pale. Le lagon est juste en dessous. C’est à peu près tout ce que je parviendrai à voir et ça ne me rassure pas trop. Surtout que le vent a décidé lui de passer 5 à 35 nœuds en l’espace d’une demi-heure, et nous pénétrons à grande vitesse dans le chenal que nous venons d’atteindre. Seul l’état de la mer nous révèle son entrée : la houle creusée a fait place à une mer calme sur laquelle Tyloo glisse maintenant à 7-8 nœuds au grand largue. A longer de trop près le récif pour « visiter » nous manquons de nous échouer. Dans la grisaille je repère au dernier moment le récif immergé sur lequel Tyloo avance à vive allure et le grand coup de barre donné au dernier moment nous en éloigne de justesse.

L’ambiance avec ce ciel bas et gris, et ses récifs qui rodent, a quelque chose d’angoissant. Intérieurement je me dis que ce coin-là doit être un véritable cimetière à bateau en cas de cyclone. J’ai hate d’en sortir car les aller-retour incessant entre la table à carte et le cockpit sous la pluie commencent à me lasser …

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Lundi  28 Septembre  (9h): 3ème jour, 150 milles, 18°28S 179°29E

Nous avons longé toute la journée d’hier les côtes des Fidji en regrettant un peu de ne pas nous y être arrêté pour voir. Ce matin elles sont derrière nous et c’est un soleil radieux qui nous accueille de bonne heure.

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Le retour du soleil a un effet instantané sur notre bonne humeur et notre moral qui commençaient à se teinter des couleurs du ciel. On respire !

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En fait, les conditions météo sont même idéales pour envoyer le spi : légère brise, faible clapot. Le petit-déjeuner pris, un café pour moi, céréales au chocolat et deux biscottes de confiture pour toi, je mets à la manœuvre sans tarder pour profiter au maximum de cette belle journée.

Tyloo file ses 7 nœuds tranquillement et je ne résiste pas à l’envie de monter au mat pour immortaliser ce moment de plénitude en mer.

(Vers le Vanuatu En mer en haut du mat)

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Mardi  29 Septembre  (9h): 4ème jour, 140 milles, 18°36S 177°02E

Nous avons bien fait de profiter de la journée d’hier, car le répits est de courte durée et déjà le mauvais temps est de retour : ciel gris avec toutes ses nuances du plus claires au plus foncées. Tout cela arrosé d’une fine pluie … ce sera la journée d’aujourd’hui.

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J’ai tout de même une décision à prendre aujourd’hui que je rumine depuis quelques temps. Devons-nous atterrir à Tanna comme prévu ou bien plutôt à Port Vila la capitale ? …

Nous ne venons au Vanuatu que pour voir le volcan Yasur sur l’ile de Tanna, mais les formalités de clearance peuvent s’avérer compliquées, ce qui me refroidit un peu. Aller faire notre entrée dans la capitale serait plus facile mais nous obligera ensuite à naviguer une trentaines d’heures contre le vent pour rejoindre Tanna … dilemme. Nous sommes à égale distance des deux iles et il suffit de modifier le cap de quelques degrés à peine perceptibles pour changer significativement notre plan. Je rumine l’idée toute l’après-midi dans ma couchette et au soir, pas d’humeur à subir une contrariété à notre atterrissage, je décide de mettre finalement le cap sur Port Vila. Trente heure de près … pas de quoi nous rebuter.

Mercredi  30 Septembre  (9h): 5ème jour, 140 milles, 18°44S 174°34E

Ce matin je sors dans le cockpit dans l’espoir de trouver un espace dans lequel le soleil pourrait se faufiler mais rien. Les nuages sont bien serrés et continuent à déverser sur nous leur crachin. Il est 7h du matin et j’attends avec impatience déjà la tombée de la nuit.

Dans ces cas-là les maigres rituelles du bord, comme le petit déjeuner, semblent bien trop courts pour combler une journée pleine d’ennui.

Je décide pour m’occuper d’aller monter le spi. Je m’y reprends à deux fois, et à la deuxième reprise quand je constate une fois en l’air que la chaussette de spi est à nouveau enroulée dans sa drisse de va-et-vient, je redescend le tout et retourne dans le cockpit blasé. Décidemment c’est vraiment une journée de …

A l’intérieur, rien de quoi remonter le moral. Mon regard se pose sur l’avant du bateau, et le constat est sans appel : c’est le bazars ! Un bazars de jouets tel que je ne peux même plus compter me rendre à l’avant du bateau.

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C’est la conséquence des derniers jours passés sous la pluie : des journées passées à jouer à l’intérieur sans jamais ranger. Notre espace de vie déjà petit s’en trouve maintenant amputé de moitié. Ne reste que la cuisine et notre couchette. Dehors il pleut et tout est mouillé. Et comble de la déprime le bateau roule beaucoup empêchant toute activité demandant un peu de réflexion. Alors nous nous retranchons dans la cabine toute la journée.

J’ai quand même eu la bonne idée de sortir pour la première fois la collection des 24 volumes de Tintin que j’avais acheté sur ebay quand nous étions à Paris et chargée sur le bateau avant de partir … ainsi la loi continue de se démontrer que tout ce qui est monté à bord au départ de Port Saint Louis du Rhone trouve un jour son utilité ! A la fin de la journée, tu les a tous parcourus déjà deux fois. Tu viens de te passionner pour les « Pantins » comme tu les appelles.

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Quant à moi, je passe la journée allongé à coté de toi à penser à notre arrivée au Vanuatu que je trouve bien trop loin.

Jeudi  1er Octobre  (9h): 6ème jour, 143 milles, 18°00S 172°27W

(Vers Vanuatu 1er octobre veille arrivée Le soleil se lève sur l'arrière)

Nouveau jour, mais rien n’a changé. Ah si quand même … le vent est tombé progressivement dans la nuit et les 15 nœuds de vent réel ne sont maintenant plus suffisant pour appuyer la grand-voile qui se met à battre mollement par à-coups à chaque roulis provoqué par la houle. Le claquement sec, à chaque fois, me donne l’impression que la bome va exploser. J’ai lutté jusqu’au petit matin pour ne pas m’énerver et m’éviter d’aller manœuvrer nu sous la pluie en pleine nuit au pied du mat, mais maintenant je ne tiens plus. Je m’arrache du lit et pars à l’avant du bateau descendre la grand-voile.

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Je mets le moteur en marche. Après deux journées sans soleil et peu de vent, les batteries de Tyloo aussi ont besoin d’être rechargées. Les notres, elles attendront l’arrivée.

Encore une journée qui semble se répéter, à nouveau cloitrés dans la cabine. Une journée où je n’ai ni l’envie ni le courage de rien, pas même de cuisiner. Alors quand l’heure du repas arrive je te laisse le choix entre tes deux conserves préférées, maïs ou petits pois carottes, que tu ne supportes pas de manger autrement que froid et nature, et parfois à même la conserve … je me demande parfois qui de nous deux est le plus sauvage…

Vendredi  2 Octobre (9h): 7ème jour, 170 milles, 17°42S 169°45W

Enfin ! …. le soleil se lève et le vent avec lui ! 30 nœuds au grand largue et de quoi nous remonter le moral car si le vent tient nous devrions arriver ce soir au Vanuatu ! Alors je fais marcher le bateau aussi vite que je peux.

Ce matin nous avons récupéré un calamars monté à bord dans la nuit.

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Autre curiosité, nous traversons dans la journée d’immenses nappes d’une chose que je prends au départ pour des traces d’huile qu’un cargo aurait laissé en dégazant. Mais en en traversant certaines je m’aperçois que cela ne ressemble à rien que je connaisse. Et puis les kilomètres carrés couverts par cette substance me font douter quant à cette explication. Une explosion localisée de planctons ? …. Ce sujet de curiosité nous occupe un long moment, mais nous le laissons derrière nous sans avoir trouvé de réponse satisfaisante à ce mystère.

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Nous revenons vite à l’objet de notre préoccupation première : à quelle heure allons-nous arriver ! La côte est en vue depuis plusieurs heures, et mets trop de temps à se rapprocher à mon gout. Je mets le moteur en marche pour accélérer encore.

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Nous sommes lancés dans une course contre la montre pour essayer d’arriver avant la nuit. La route directe qui nous maintient dans le vent nous oblige à passer près d’un récif immergé loin au large, je m’en rends compte tardivement et nous frôlons, également de près, la catastrophe. Il faut bien nous y résoudre, la nuit arrivera avant nous. Alors j’étudie la carte en détail pour préparer notre arrivée dans la ville de nuit. Je veux rester au plus près de la côte car le vent souffle fort et la mer est formée, je ne veux pas rater le virage du cap sous le vent duquel je compte rejoindre le port à l’abri de vent de la houle.

(Vers Vanuatu 2 Octobre arrivée)

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